Les années 90

De la cour à la scène ou de la scène à la cour ?

Les années 90 s’ouvrent avec LA REPETITION OU LE ROYAUME DE LA MER, Prix Frank Lucas 1990 et publié aux Editions Lansman. Frédéric Latin, auteur et metteur en scène, a tenté de sensibiliser les jeunes et les moins jeunes à l’univers de Shakespeare à travers cette histoire simple truffée de citations shakespeariennes : Le vieux roi Lear est chassé par ses filles, devient fou et meurt!

Frédéric Latin enchaînera avec LE PAYS PERDU (1991), prix jeunes publics 1991 de la SACD pour le texte. Un spectacle en technicolor avec deux décors, deux univers mais une seule histoire…

Pas toujours facile l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur! C’est ce dont Marion va se rappeler dans CROCOPARDS, écrit par Myriam Goumet et mis en scène par Frédéric Latin. Ce spectacle, né en 1992, avec une comédienne sur scène, Marion (Krystina Vassileva), mais surtout, Marionnette, la petite voix intérieure de Marion qui remet les pendules à l’heure et qui ose avouer l’inavouable.

Inspiré de la fabuleuse « Série Noire » de Marcel Duhamel, Frédéric Latin écrit China Town en 1993, transposition théâtrale des ambiances de la littérature policière. Le décor de Michette Noterman, une « boîte à surprise » tout droit sortie d’un film de Fritz Lang et la musique jazz année 30-40 de Daniel Dejean nous plongent dans l’univers des polars.

Spectacle sans paroles, Cartoon (1994) en dit long sur l’individu. Dans une époque de brassage des populations, des cultures, des cuisines ou des musiques, cette création collective est au carrefour de la marionnette, du mime et du cinéma d’animation. Les matériaux utilisés sont tellement détournés de leur destination première qu’ils créent une autre vision de la réalité. Chaque personnage issu de la matière propose son propre univers et témoigne de l’universalité de l’Homme au travers de ces différences.

La situation qui sert de point de départ à Régime de nuit (1995) rejoint le thème de la diversité culturelle et l’immigration. Une femme enceinte, Aglika, fuit son pays en guerre à la recherche d’un endroit où son enfant pourra naître dans la paix. Ecrit par Daniel Simon et Bernard Clair, également à la mise en scène, le spectacle permet la rencontre entre réalité et fantastique.

Ecrit en 1989 et repris par les Zygomars en 1994, Mauricette, Lune de Miel, est un conte animé présenté par Laurence Hubert. Il est conçu pour les enfants de classes maternelles où, dans un décor familier, les enfants pourront retrouver à la fois les objets de leur vie quotidienne mais aussi les endroits de leurs jeux. Dans le même élan, Laurence Hubert écrit un autre conte pour les tout-petits : Pili Pili, Bananes et Compagnie.

En 1996, le Théâtre des Zygomars est une des quatre premières compagnies à bénéficier d’un contrat-programme de quatre ans dans le cadre du nouveau décret relatif au théâtre pour l’enfance et la jeunesse.

En 1997, la compagnie, avec Daniel Simon comme directeur artistique et Myriam Goumet, directrice administrative, entend bien réaffirmer son attachement à la marionnette. Dans Le Rêve du Jardin, nous rencontrons Mamy Framboise (Viviane Collet) qui nous fait visiter son jardin et l’univers souterrain. Cette histoire, écrite par Daniel Simon, figure parmi les coups de coeur de la presse lors des rencontres-sélection de Huy 97.
Cette même année, l’envie de traiter de la question essentielle du corps, de ses limites, de ses fantasmes et de ses incongruités suscita la création du spectacle Gros-Maigre qui traite de la frontière des corps et de la nécessité d’en rire. En quelques séquences, le Gros et la Maigre, petit garçon et petite fille, papa et maman, traversent la semaine au gré des repas et des surprises.

La compagnie propose un ensemble d’activités entre « Cour et Scène » et se renforce d’une équipe nouvelle qui soutient un partenariat entre l’école et le théâtre pour enfants. Des animations mais aussi des formations sont proposées aux enfants et aux enseignants, éducateurs, animateurs,?
Cet aller-retour entre cour et scène tend à renouer la complicité essentielle entre l’enseignant, l’enfant, l’animateur et le créateur.

La compagnie reprend, en 1998, trois contes de la célèbre écrivaine belge Béatrice Beck, et crée Contes de l’enfant né coiffé. Les trois comédiens (Frédéric Lepers, Enea Davia et Isabelle Renzetti), sous la mise en scène de Jean-François Politzer, ouvrent le grand livre des contes pour l’enfance et nous montrent que nul obstacle n’est infranchissable. Marionnettes, ombres et dramaturgie musicale se complètent en mettant au centre de la fable un personnage : l’enfant.

En décembre 1997, les poissons nous interrogent en s’inquiétant de leur avenir. Ils fondent leurs espoirs à Kyoto, au Sommet de la Terre. Océans, écrit et mis en scène par Daniel Simon, propose une réflexion sur l’avenir du monde aquatique, bouffonnerie et jeu des chants et des danses des comédiens, Hassiba Halabi, Marie Neyrinck et Bruno Perpette.

En 1999, Daniel Simon travaille sur Le Marchand de Caresses, spectacle de conteur-marionnettiste pour tout-petits. Malheureusement, le projet, trop fragile, ne verra jamais le jour.